«  Noooonnnnn !!!  »

J’essaya de courir vers mes deux amis - Alexander et Jonny -, pour les empêcher d’engager la bataille; mais j’étais moi-même entourée de combats, et je ne savais pas où percer. Sauf qu’ainsi entourée, je devenais vulnérable. Et il ne me fallut donc que peu de temps pour me trouver un nouvel adversaire. Je me pris un coup de patte dans la joue. Les griffes s’enfonçaient dans ma joue. Les griffes ne tardèrent pas à transpercer à transpercer ma peau, jusqu’à arriver dans ma bouche. Le sang coulait, se répandant dans ma gorge. Mais je n’avais pas mal, n’éprouvait aucune douleur. Ce n’était pas mon sang qui coulait en ce moment, mais celui de mes victimes.
Je ne voyais pas encore mon adversaire, mais je n’allais pas me laisser faire pour autant. Sa patte était toujours dans ma bouche, autant dire qu’il s’était jeté dans la gueule du loup. Je lui transperça la patte ainsi que ses coussinets, avec mes dents bien aiguisées. Son sang commença à se répandre dans ma bouche, et mes yeux se mirent à crépiter telles des flammes dans l’astre d’une cheminée. Son sang redoubla mes ardeurs tellement il était bon. Non, ce n’était pas du sang humain, mais bien le sang chaud d’un loup-garou. Je ne pus donc m’empêcher de lui en prendre plus, le vidant de tout son sang. Il était en train de mourir, et je le sentis se retransformer. Sa forme lupine disparaissait, comme un lourd poids duquel on venait de réussir à se débarrasser. Le goût de poils mouillé laissa place à celui d’une chair tendre.
Je dus m’obliger à lâcher mon adversaire, me bornant à m’imaginer que je perdais du temps avec lui. J’arracha sa main à ma mâchoire, laissant son corps retombait avec fracas sur le sol. Je faillis partir, m’éloigner de celui qui m’avait défiguré, mais mes yeux croisèrent les siens. Ce n’était pas un homme que j’avais tué, mais une femme. A cause de moi, des enfants n’auraient plus de mère; je le lisais dans ses yeux. Moi, l’éternelle sadique, j’avais de la compassion ? Je dormais debout, ce n’était pas possible autrement. Sauf que je savais bien que je ne dormais pas; sinon, comment aurais-je put sentir aussi bien l’odeur du sang - qui révélait mon instinct meurtrier -, et entendre les cris perçants des personnes qu’on assassinait ?
Je me baissa à la hauteur de ma victime, me mettant à genou. J’entendais bien sa respiration saccadée, qui m’indiquait qu’elle était toujours vivante. Bien qu’elle luttait avec ardeur contre la mort, elle savait bien que j’étais restée auprès d’elle. Je le voyais à ses prunelles bleus qui me fixaient. Posant ma main sur sa poitrine, je sentais son cœur ralentir, jusqu’à s’arrêter définitivement; tandis que le miens s’accélérait, faisant au passage quelques ratés. J’imaginais que c’était Alex, là, sur le sol, et que mon amour l’avait tué. Je savais bien qu’Alex était là sur le champ de bataille, en train de se battre avec Jonny. Mais je n’arrivais pourtant pas à me détacher de cette femme que je venais de tuer. Une larme roula sur ma joue, tandis que je lui fermais les paupières. Je la jeta sur mon épaule, et l’emmena au loin pour l’enterrer.
Mais à peine eus-je fait ce geste, que je vis une silhouette se dessinait en face de moi. Ses cheveux blonds encadrant son visage d’ange, la rendant plus sublime que jamais.

«  Ah, Charlie Jackson… Honorée de vous rencontrez.  »

Ne fais pas attention à son visage d’ange, elle lutte avec le diable au cœur.