J’étais seule, je n’avais personne à qui parler. Alors je suis partie, j’ai descendue la colline avec mon sac à dos et j’ai laissé mes empreintes de pas dans la fraîche neige qui continuait de perler du ciel noir. Cette nuit là je portais un manteau bleu marine, une écharpe blanche et un collant noir. Mon short de gym blanc par-dessus le collant et mon t-shirt hard rock café vert de Londres. J’avais froid. Mes cheveux roux volaient dans le vent et la neige glaçait mon visage pâle. Je n’avais qu’une seule idée en tête, pour me remettre de mes émotions, pour me remettre de tout. Il était pourtant très tard, je n’avais pas le droit d’y aller.
Je marchai lentement dans le Piccadilly, il y avait peu de passants, et rares étaient les boutiques encore ouvertes. J’admirais la fontaine, majestueuse. Je ne voulais pas aller ici, alors je continuai mon chemin. Je passai la clé dans la serrure et poussai la porte. J’allumai les lumières du bâtiment, un courrant d’air glacial me souffla dans le dos. Un petit trou de magie, et tout avaient tellement changé. Je me souviens du chapiteau qui se dressait ici cet été, dorénavant cet une énorme patinoire. J’allumai la musique et m’échauffai au centre de la glace. Quel bonheur d’être contorsionniste. Certaines personnes trouvent cela écœurant, moi j’ai gagné tout mes concours de gym grâce à ça, sans bien sur dire à mes professeurs que j’étais capable de faire une rotation à cent vingt degrés avec ma jambe. Je pris mes patins à glaces et m’élançais sur la piste. Le patinage est peut être ma seule source de détente absolue. Je patine, je patine, et j’oublie. J’oublie que Darren a changé, j’oublie que mon frère préfère cette Ambre à moi, j’oublie que j’ai mangé mon professeur de math, j’oublie même que mes parents sont morts. Je pourrai les voir, là, sur le côté, à prendre des photos de moi et rirent ensembles. Il y aurait mon grand frère de sept qui me tiendrait la main. Je me suis arrêtée, contemplant ce bord de la patinoire. Même vivants mes parents ne serait pas ici, à moins que, vieux, très vieux, prenant en photos mes enfants, les miens. Une larme perla sur ma joue, j’aimerais tellement les revoirs, voir autre chose que leur tombe chaque années, autre chose que les photos et les vieux vêtements. De toutes manières, la mélancolie n’arrange en rien le reste. Mais pourtant, mon regard vert ne voulait pas lâcher ce bord. Une certaine attraction. Peut être qu’un jour ça aurait été moi, sur ce bord, avec mon mari, mon frère et sa femme. C’était il y a si longtemps… je ne me souviens même plus pourquoi l’on m’a transformé, tout est flou, tout est sombre. Des images me reviennent, des cris. Je tombais à terre, la tête pleine de souvenirs. Une porte s’ouvrit, le froid entrait dans la salle. Une ombre, une grande, une odeur. Son odeur, cette odeur, l’Odeur. Je me levai, titubante, et patinai vers cet homme qui avait sauvé ma vie un bon nombre de fois. Mon frère, l’unique et le seul. Mon visage rayonnait, j’avais besoin de lui, il m’avait tellement manqué. Je ne voulais pas le perdre comme j’avais perdu mes parents, comme j’avais perdu Darren. Alexander est le seul qui me reste, sans lui, je ne suis rien. J’étais à quelques mètres de lui. Je tendis mes bras, réclamant un câlin comme quand j’étais petite… comme avant.

Cela fait plusieurs jours depuis la guerre entre les deux clans, malheureusement aucun d’eux ne pouvait gagner a cause de la tempête .. mais si il y avait victoire, cela devait être mon clan, aucune chance que ces mauviettes de loup-garou peuvent gagner contre les maitres de la nuit, spécialement quand ce sont des vampires. Je fis tourner doucement dans mes mains le couteau que j’avais et que je gardais toujours sur moi, on ne sait jamais quand on en aura besoin même étant vampire. Mais moi, je le voyais plutôt comme un jouet quand je m’ennuyais et me couper ne me gênait pas le moins du monde. Qui sait combien ces humains peuvent être puissants .. Ils ont réussit à faire des armes comme celui-ci et plus de vingt personnes par jour les utilise pour faire le crime parfait, un sacrifice pour les morts. Je tiens parfaitement le couteau droit et avant que le serveur du bar ne se rende compte, un sifflement sonore retentit près de ces oreilles et le coteau noir brillant vient se planter dans le mur, deux centimètres près de son visage, ou il travaillait. Il me regardait en écarquillant les yeux et je ne pu que sourire face a cela, c’est vrai que a Londres, c’est pas tous les jours qu’on voit quelqu’un jouer avec une arme pareille pour les humains et que on soit tout près de la mort grâce a un idiot ? Non, vampire plutôt. Je me levais enfin après avoir passé deux heures à ne rien faire et regarder mon couteau. Je m’avançais vers le mur et retirais l’objet avant de sortir du bar, dans l’hiver froid. Ca faisait longtemps qu’il n’y avait pas autant de neige, les petits flocons tombaient un par un depuis des jours déjà, la pluie blanche m’atteignant aux chevilles. Je marchais doucement, je ne savais pas ce que je voulais faire. Et soudain ma gorge commençait à me bruler, je souris de bonheur. Il est temps d’aller chasser. Je me dirigeais vers une ruelle sombre, ou un groupe d’humains buttés chantaient en chœur de vieilles chansons. Je levais les yeux au ciel puis sans un seul bruit de pas, je me trouvais déjà devant eux, deux hommes de taille moyenne. J’assommai l’un et avant que l’autre ait pu réagir, ma main passa a travers de son corps dans un bruit de déchirure et son dernier vision devait être moi, un homme tout en noir. Et c’est dans un dernier regard sur le visage du mort, que je plantais mes crocs dans ma gorge pour boire mon breuvage suprême, ce magnifique liquide qui coulait dans ma gorge et qui me procurait tout le bonheur du monde. Quand j’eus finis, je laissais les corps la, baignant dans leur propre mare de sang pour ceux qui veulent les voir et avoir des cauchemars. Et quand j’y pense, je suis toujours né vampire et tuer est la seule vraie chose que je sais faire maintenant que je m’en rends compte. C’est bien, mon mentor sera fier de moi, même dans sa tombe. Je quittais ces allés sombres pour faire autre chose, mon collier en forme de croix faisant un bruit de petit cloche métallique sous l’effet du vent. Je marchais près des magasins et chaque fois que je regardais dans le miroir, je me vis mais j’étais différent. Mon visage était plus pale, j’avais ce regard de froid et sans pitié, mes yeux étaient plus que le rouge normal que j’avais. Quelque chose avait changé et je le savais. Je tournais le coin de la rue et me trouvais devant la grande tante du cirque qui était devenu un endroit de patinage pour l’hiver. Le sang de mon victime coulait encore de mes mains, tachant la neige, j’osais les épaules, s’il y avait quelqu’un a l’intérieur, un humain, il aurait peur certes et si je le vois, ce serait son heure de mort aussi. Je poussais les portes et le vent froid s’engouffrait dans cet endroit ainsi que moi. Il ne faisait pas plus chaud ici, malheureusement. J’avançais doucement, un sourire narquois aux lèvres en regardant le patinoire. Quelqu’un jouait déjà, il allait y avoir un meurtre. Je restais immobile sur le bord du lac de glaces et c’est la que je reconnus ma sœur Pandora, qui s’avançait vers moi. Je la regardais de mes yeux rouges et souris encore plus quand elle m’ouvrit grand ses bras pour un câlin. Dommage qu’elle n’allait pas en recevoir. J’ouvris mes bras pour l’accueillir mais les fermaient aussitôt et lui vit signe au revoir de la main et en un éclair, je me trouvais derrière elle, mes mains se posant sur ses épaules et je murmurai d’une voix calme et lente.

« Regardez, c’est Pandora, la jeune fille solitaire qui a perdu celui qu’elle aime, ses chers parents idiots, tout l’amour qu’elle avait. Elle est seule .. Haha. Elle est seule .. », dis-je en souriant. Aujourd’hui elle allait souffrir comme elle aurait du.

Douteuse, je ralentis quelque peu. Mon frère me tendit les bras, mais quelque chose en lui avait changé. Il était tacheté de sang qui ne lui appartenait pas, ses prunelles étaient d’un rouge vif que je ne reconnaissais pas et il avait battu tous les records de blancheur, il aurait plongé dans la neige qu’on ne l’aurait pas vu. J’étais à quelques centimètres de lui, et il me fit signe de la main. En un clin d’œil, mon frère avait disparu pour venir se loger derrière mon dos. Je ne me retournai pas, son souffle dans mes cheveux me donnait la chaire de poule. Ces paroles qu’il n’aurait jamais dit vinrent à mes oreilles. Ses mains posées sur mes épaules me glaçaient le sang, je portai ma propre main sur la sienne, épaule gauche, main gauche. Je baissai la tête. J’avais effectivement tout perdu. Tout sauf lui, enfin, c’est ce que je croyais. Ce que je pensai, avant d’entendre ça. Je me retournai, j’étais à présent face à lui. Je ne savais pas vraiment quoi faire, ni quoi dire face à un tel monstre. Je n’avais plus d’amis, tous morts, plus de famille. J’étais seule, seule face à moi-même. Mon frère avait changé, mais je refusai d’accepter l’idée qu’il soit contaminé par ce virus qui n’a pas de remède. Je refuse de voir Alexander dans cet état, au pire Darren je m’en fou, les autres je m’en fou, mais mon frère… la seule personne qui m’a comprise, celle qui m’a soutenue toute ma vie, celle avec qui j’ai fais des pâtés de sable en étant gamine, des recettes de cuisine immangeable, celui qui surveillait mes boums pendant que mes parents s’absentaient, celui que j’ai perdu pendant tant d’années. Je reculai d’un pas, histoire de le voir mieux. On aurait presque dit Darren, se même regard, cette même expression. Ce monde de mal, j’ai tant rêvée d’y faire parti. Etre une sadique, être ce que je suis, et non une vampiresse de bon cœur. Il suffirait d’une seconde, juste une, pour qu’il me contamine, mais j’ignore encore comment l’on attrape le virus. Depuis petite je rêve d’être comme mon frère, alors pourquoi pas maintenant. Je m’assis sur la glace et regarda mon reflet, poussant la neige qui couvrait cette mer gelée. Je voyais sur la glace une jeune femme rousse, pâle et triste, dénudée d’expressions mais son regard la trahissait. Il me suffirait d’arrêter de boire, ou de m’enfoncer ce patin à glace dans le cœur, tout serait fini. Mais avant, je soufflais quelque chose, avec beaucoup de retard. Peut être même trop, mais qu’il se souvienne ou non, je m’en moque totalement.

« Non … Non ce n’est pas possible ! J’ai, besoin de toi Alex ! Tu me manques trop pour que je te perde de nouveau, tu es la seule personne … »

Impossible qu’il se souvienne, impossible. C’est la phrase que j’ai dis à mon frère lors de nos retrouvailles parce qu’il ne se souvenait pas de moi, qu’il m’avait oublié. J’avais parlé lentement, distinctement, comme si je récitais une poésie. Il n’y avait aucunes émotions dans mes paroles, sauf peut être mes larmes qui perlaient de mes yeux déjà rougis. En fait je me sens bien quand je pleure. J’ai mal au cœur, ma respiration est coupée, j’ai envie de crier et de taper quelque chose, mais je me sens bien, je me sens mieux. Je me prouve que je peux régler le problème sans bouger. Je levai ma tête sur le reflet de mon frère, parce que mon frère à disparu, l’homme qui se tient devant moi n’est pas, ou plus, mon frère. Je me levai, une idée en tête, j’enlevai mes patins à glaces, me coupant la main par maladresse. Le sang coulait de ma main et tombait sur la glace. J’étais pieds nus sur la neige. Je marchai sur celle-ci, comme si de rien n’étais. Je léchai la coupure et d’un brusque mouvement de main, je créai une gicle de sang sur la glace. Symboliquement, je représentai la petite proie qui gambadait sur la glace, la gicle de sang représentait la fin de mes jours. Mais moi je refuse d’être cette petite fille, je veux être le tueur, celui qui a crée l’œuvre d’art de sang sur la glace. J’avais vers mon frère, d’une démarche lente mais assurée. Je posai ma main sur son épaule et tournai autours de lui, l’expression tourner autours du pot serait parfaite en cet instant. Mais seulement j’ai ratée, je n’ai pas hérité ce don de ma mère. Une seconde d’hésitation et tout était foutu en l’air. Je m’éloignais de mon frère, je gagnai du temps, tout simplement. J’avais passé ma main sur sa main, la recouvrant de sang. Qu’il me tue, je m’en moque. Qu’il me contamine, j’en rêve. Alors je m’assis sur le bord de la patinoire.

« Que cherche tu à faire Alexander ? Me blesser ? Comment veut-tu blesser une personne qui à tout perdu ? Me tuer ? Je croyais que ton but était de faire souffrir les gens et non exaucer leurs rêves. Et quand j’y pense… Toi aussi, tu es seul. »

Elle se retournait, pour mieux me voir. Je voulais voir la souffrance dans ses yeux, la peur et la solitude. J’eus ce que je voulais, je souriais encore plus. Oui, ohh oui Pandora, aujourd’hui est un nouveau jour, le jour de ta fin peut-être. Elle s’assit par terre sur la glace et regardait son reflet puis le mien. Je ne fis que attendre même si je m’ennuyais fort bien, je voulais en finir le plus vite possible et j’avais tant soif .. J’irai bien tuer quelques autres personnes, les humains ne méritent pas de vivre sur ce terre, les créatures obscures comme elle non plus faut dire.

« Non … Non ce n’est pas possible ! J’ai, besoin de toi Alex ! Tu me manques trop pour que je te perde de nouveau, tu es la seule personne … »

Je ne fis que rigoler, ce genre de rire qui glace jusqu’au sang. Je penchais la tête sur le coté et léchais mes crocs. Besoin de moi ? Bien sur la petite fille seule, je veux bien te donner un câlin, planter mes crocs dans ta chair, te voir mourir devant mes yeux. Elle avait dit ces paroles si doucement, comme si cela allait signifier quelque chose pour moi .. Elle est complètement paumée celle-là, j’avoue. Je levais les yeux au ciel quand je la vis pleurer. Vas-y pleure, j’ai tout le temps devant moi, j’peux encore attendre tu sais, le temps que t’aille te moucher et redevenir joyeuse, avais-je envie de gueuler. Ma tant dite sœur se levait enfin et enlevait ses patins et se coupait la main sans faire exprès je présume ou .. ? A la vue du sang, je sentis mon cœur battre plus fort et ma vue réclamant ce liquide, ma gorge continuant à me bruler. C’est qu’elle allait se rendre la petite ou alors me défier. Je n’aime pas quand on me surestime, spécialement venant d’un petit demi comme elle. Panda posa sa main sur mon épaule et me fit le tour, moi étant le centre une dizaine de fois. Je grimaçais, qu’avait-elle en tête la folle ? Elle passa sa main de sang sur la mienne, nos deux mains étant rouges. Je retirai la mienne et grognai. Elle s’éloignait et s’assit sur le bord de la patinoire, me regardant.

« Que cherche tu à faire Alexander ? Me blesser ? Comment veut-tu blesser une personne qui à tout perdu ? Me tuer ? Je croyais que ton but était de faire souffrir les gens et non exaucer leurs rêves. Et quand j’y pense… Toi aussi, tu es seul. »

Comment blesser une personne qui a tout perdu ? C’est assez simple. Je sais pas si tu veux que je te dis les détails .. Je souris, spécialement à la dernière réplique de tout ca. Je ne fais que tuer, ou tu iras, je m’en fous, que tu sois contente ou non, cela ne me gêne pas. Mais je fais te faire souffrir ma chère, je fais .. Si tu penses que je suis venu pour me taper la discussion avec toi, tu te trompes. Je suis seul et je l’assume. Je ne veux personne, pas d’aide, pas de compagnie. C’est pour ca que je suis autant heureux que nos parents sont morts, eux qui ne faisaient que ruiner notre vie, eux qui ne font que mettre leurs enfants en enfer. Je ne veux pas d’Ambre, je ne veux que ta mort, celle de tout le monde. Et je pousserai bien les vampires à faire de la ville un bain de sang.

« Et alors ? Je suis seul et j’aime. Je ne suis pas comme toi, je ne te ressemble en rien. Je n’arrive même pas à croire que nous sommes liées. Te tuer ? Oui, j’en ai bien l’intention et tu ne seras pas la seule qui passerait par la. »

Je m’avançais doucement vers elle, mes pas devenant bruyant sur la glace. Tout ce que je voulais, c’est elle, qu’elle souffre de même. Je me tenais devant elle et la poussais violement, son corps finit par se trouver par terre. Je lui tiens le poignet de mes deux mains et la regardais dans les yeux. Je sentis la petite viole de poison dans ma poche, celle que Darren m’a donné, je pouvais lui donner a boire .. Non, je sais qu’elle serait trop heureuse de nous rejoindre, d’être avec Darren pour toujours. Je lui murmurais doucement a l’oreille. « Tu vas regretter .. La mort t’atteint, je présume. », dis-je d’une voix joyeuse. Je léchais son cou et même avant d’attendre sa réponse, je plantais mes crocs dans sa gorge, buvant son sang. Le gout n’était pas merveilleux mais ca passait. J’allais boire tout son sang, jusqu'à la dernière goutte, je veux sa mort, oui.

Et blablala, je me rends compte que parler ne sert à rien. Je tournai les talons et attendis la fin. Mais avant même que j’esquive le moindre geste, je tombai au sol. Je sentais la langue de mon frère sur mon cou. Et ses crocs se plantèrent dans ma chaire. Mes yeux brillaient, mais je n’avais pas le droit de pleurer, je n’allais pas lui donner cette satisfaction. Je ne réagis même pas, je ne criai pas, je ne cherchai même pas à me débattre. Ma vision se troublait. La mort ? L’unique problème, c’était que la mort, je la voulais, mais avant, j’avais une seule envie. Une dernière volonté. De mes pieds, je repoussai lentement Alexander. Je posai ma main sur la blessure, stopper l’hémorragie ne servait à rien. Je restai comme j’étais, allongée au sol, les cheveux et le visage couvert de sang. Je ne savais pas comment m’exprimer pour taper dans le mille. Mais je pense que mon frère ne m’accordera pas cette chance.

« Attends. J’aimerais, une dernière chose, en ton avantage. En m’écoutant, tu auras mon sang, ma douleur, et le sang d’un autre. Je veux juste que tu me promettes une seule chose… »

Je tendis mon cou à mon frère, prête à mourir, j’étais fin prête à en finir. En réalité, mon dernier vœu consistait à une vengeance personnelle. Un vœu qui prendra celui qui m’a prit celui que j’adore. Dur à comprendre n’est ce pas. J’approchai de plus en plus mon cou des crocs de mon frère, jusqu’à les toucher.

« Je veux que tu tue Darren Shan. »

Son sang coulait maintenant dans mes veines, mais cela ne changeait rien puisque nous étions d’une façon pareille. Mais bizarrement, elle ne criait pas, elle ne faisait pas comme quelqu’un malheureux de mourir sans avoir le choix, en plus d’être tué par son propre frère. J’étais plutôt déçu, je m’imaginais quelque chose d’autre, elle était plus forte que ce que je croyais. De ses pieds, Pandora me repoussait doucement de son cou et mes crocs se décrochaient de sa peau. Elle faisait vraiment pitié, la sur le sol froid, couvert de son propre sang et de celui de l’inconnu que j’avais tué avant de venir ici.

« Attends. J’aimerais, une dernière chose, en ton avantage. En m’écoutant, tu auras mon sang, ma douleur, et le sang d’un autre. Je veux juste que tu me promettes une seule chose… »

Je grimaçais. C’est pas drôle si la victime veut mourir. Ou a-elle tout simplement acceptée son sort ? Elle me tendit son cou, se rapprochait de plus en plus, jusqu'à que mes crocs touchent sa chair encore une fois, comme si elle attendait que je sois près à remordre dedans pour prendre le dernier grain de vie qu’elle lui restait.

« Je veux que tu tue Darren Shan. »

Je restais bouche bée. Elle voulait que je tue celui qu’elle aime ? Mais quand j’y repense .. Mon beau sourire vient rejoindre mes lèvres encore une fois et cette bonne humeur de sarcasme refit surface. Non, je ne fais pas tuer celui qu’elle demande. Parce que si je me souviens bien, c’est lui qui va diriger les clans, c’est lui qui m’a donné la mission de contaminer des gens, si je le tue, je ne saurai tous les secrets de ce malade et puis si c’est pour la faire souffrir, je ne le ferai pas tout simplement. Je suis la pour mettre un peu de piment dans la vie des gens, plus précisément la pour les tuer et faire de leur vie un enfer. Et seconde réflexion, je ne fais pas la tuer. Pourquoi ferai-je cela si maintenant, elle va juste l’accepter ? Je suis venue pour la tuer, pensant qu’elle voulait rester en vie mais j’ai eu tort. Beaucoup trop.

« Non, je ne fais pas le tuer. »

Je repoussais violement ma sœur qui attendait toujours le coup final et me relevais, et commençais à marcher sur la glace. Que pouvais-je bien faire maintenant ? Je sortis mon petit couteau et m’amusais à lancer le petit objet sur un poteau de bois un mètre plus loin, le reprendre et faire la même chose encore et encore. J’attendais quelque chose mais je ne sais pas quoi.

Je ne savais plus quoi penser, je n'osai plus bouger. Je savais juste qu'Alexander épargnerait Darren, ce qui m'apprend qui je suis une excellente menteuse. Si je dois mourir, autant laisser Darren en vie. Il me repoussa violemment sur la glace et je me laissai tomber. Je regardai le plafond de la patinoire. Ce n'était pas mon frère, c'était un monstre. Je me retournai sur le ventre, toujours allongée sur cette glace fendue. Alexander Lostsoul, tout du moins ce qu'il en reste, s'amusait à lancer sur couteau un peu partout dans la salle. Je voulais savoir comment mon frère était devenu ainsi, mais surtout qui l'avait poussé. Parce qu'il n'aurait jamais fait ça de lui-même, tout du moins je l'espère. Je me relevai brusquement, pensant à Gaël. Que va-t-il faire ? Je m'approchai de mon frère, m'assis sur les bords de la piste et lui dis avec détermination.

- Je veux devenir comme toi. Je veux changer...

Ce n'était peut-être pas une excellente idée, mais c'était la seule que j'avais pour l'instant. Je regardai mes mains couvertes d'égratignures. Il fallait que je parte, il fallait que je m'en aille et que je retrouve Darren. Je devais le convaincre de m'amener chez celui qui a osé empoisonner mon frère. La rage était en moi depuis que j'étais entré dans la patinoire mais là elle dépassait tout. Je descendais du bord et m'élançai sur la piste, patinant et enchaînant ma danse classique. C'était peut-être le seul moyen pour me calmer, la vitesse et le vent. J'avais besoin de sentir une force inhumaine sur mon visage et le vent me semblait un très bon moyen pour m'apaiser. Je m'arrêtai au milieu de la piste et encrai mon regard devenu rouge sang par la colère.

- Vas-y Alexander, tue-moi. Seulement je rigolerai bien quand il t'arrivera quelque chose. Tu n'auras plus ta pauvre cruchiasse de soeur à tes côtés pour te consoler quand la nuit tu rêves d'Ellen ou de je ne sais pas qui. Tue-moi, et quand tu seras guéri tu te détesteras à tel point que tu en mourras. Moi je m'en moque finalement que tu me tues ou pas. Alors maintenant dépêche, je ne vais pas poiroté ici cent ans, soit tu m'emmènes chez le fou qui t'a empoisonné soit tu me tues.

J'étais débout, face à lui, et j'avais dit cela sur un ton très doux, très décontractée. J'avais un plan diabolique, ô oui, affreux même. Seulement il avait besoin d'encore quelques petits détails pour être absolument parfait et meurtrier.