L'avion avait atterrit à six heures du matin. Il était midi, je crevais de faim, et j'avais plus qu'envie de dormir. Mes jambes ne me soutenaient qu'à moitié, mais j'avais quand même trouvé un hôtel pour la nuit. J'espérais trouver un appartement dans quelques jours, et une bagnole aussi, ainsi qu'un job, accessoirement... Mais bon, tout cela n'était pas urgent. Ce qui l'était plus, c'était d'assouvir ma faim horrible... de cacahouètes au wasabi. J'avais un problème avec ces trucs-là, surtout que ça ne nourrit pas du tout. Je passais donc devant une boulangerie et optais pour un sandwich au pain de mie bacon salade tomates et emmental. Ça allait être dégueulasse avec du pain tout mou et un fromage sans goût, mais je n'avais pas le choix, au moins, il me calerais plus que des cacahouètes. J'aurais largement préféré cuisiner moi-même, mais j'avais déjà un lit bancal et des draps sales, alors j'allais pas me plaindre. Je me mis ensuite à la recherche d'un coin pour m'asseoir, et après avoir désespérément erré à la recherche d'un banc vide, je levais les yeux au ciel et trouvait un super banc fait de plusieurs cabines. Le London eyes.

J'attaquais mon sandwich à pleines dents, au grand bonheur de mon estomac, et fit rapidement la queue pour entrer dans une super cabine toute blanche et surement super confortable. C'est de l'ironie. Surtout pour la queue. J'allais avoir fini mon sandwich avant d'être monté, et en plus, je n'avais pas pris à boire. Génial. Le ticket pour le tour n'était pas trop cher, et c'était bien le seul point positif de la journée. Ah, non, il y avait aussi le fait que mon sandwich m'aie remplit l'estomac, à défaut d'être bon. D'ailleurs, je l'avais fini, et j'avais soif, bien entendu, mais bon, j'avais presque fini de faire la queue, alors j'attendrais un peu. Enfin, le passeur me donna un ticket, avec son superbe accent anglais trop chic. Là aussi, c'était de l'ironie.

J'entrais dans la cabine, me prenant déjà à moitié le pied sur le pas. Finalement, c'était moins moche que ça en avait l'air, vu de dedans. Le passeur me claqua la porte dans le dos, et la cabine s'élança en même temps que je remarquais la jeune fille en train de pleurer, la face écrasée contre la vitre. Ils étaient vraiment cons les anglais, elle aurait au moins pu éviter d'en foutre plein la vitre, c'était pas elle qu'allait nettoyer... Je soupirais un grand coup, c'était plus fort que moi. Je ne savais pas trop quoi dire à la demoiselle, mais comme à mon habitude, j'allais trouver le moyen de dire une connerie qu'elle prenait bien. Ou mal.

« Hé, faut pas chialer comme ça, c'est pas grave si Londres c'est moche. »

J'avais fait deux pas dans sa direction, mais je ne m'étais pas approché plus. Question de sécurité, je ne tenais pas à me prendre une gifle dans la gueule parce que je me moquais d'elle. C'était très mal vu, que ce soit en Angleterre ou en Australie, de se moquer, alors je préférais ne pas tenter le diable. La jeune femme était bien habillée, "bon chic bon genre" anglais, mais bon, il allait falloir que je m'habitue...

» Sa pue l’humain au grand bonheur de ma gorge et au grand malheur de cette cabine. Hors de question de faire un second meurtre dans cette cabine 39 même si j’en ai très envie. Ma gorge devint sèche et mon regard devient noir sous mes lentilles vertes. Je me relevai, essuyant au passage la vitre avec la manche de manteau et me retournai brusquement. Observant attentivement l’humain. Nous étions seul dans cette cabine. Il n’y avait personne d’autre. Personne ne le verra si je le tue et le balance par la fenêtre en fessant penser à tout le monde qu’il c’est suicidé pour x raison. Mes mains tremblaient, je n’ai pas bus de sang depuis deux jours et la dernière fois que j’en ai bu j’ai failli me faire gifler par notre grand ami l’apprentis Darren. Il était huit heures du matin, la police était certes de service, mais l’hôpital était de l’autre côté de la ville. Tant pis pour Lucas, sa mémoire seras brièvement honorée et je lui enverrais un gars à ma place, il ne serra plus tout seul. J’identifiais la chose et me sentis très petite avec mon mètre soixante quinze faces à son géant de deux mètres. Il lâcha une petite phrase et je souris, dévoilant mes belles dents bien blanches mais surtout mes canines bien pointues. Ce n’est pas bien ce que je fais, pas bien du tout. Comment vais-je procéder ? L’endormir, le mordre et le tué directement, lui couper la tête, faire un trou à l’épaule et sucer le sang d’ici, ou me transformer en loup-garou. Le problème c’est que ça sera plus long si je me transforme en bête sauvage. Je vais devoir manger la peau et les muscles, puis me retransformer en humaine et lécher le sang du sol. Non ça pas vraiment cette solution. Déjà sous l’emprise de la soif.


- Sois heureux, je vais t’épargner les tristes et moches rues de Londres. Tu n’auras pas mal …


» Doigts écartés, griffes sorties, crocs dévoilés, la cabine commençait sa lente ascension vers le haut. Je m’approchai lentement du garçon, sans répit, séchant mes larmes d’un geste de main. Oui, j’avoue, Pandora humaine et Pandora vampire c’est tout autre chose. L’une est sentimentale et l’autre est sans scrupule. Je sentais l’odeur de son sang, malgré cette couche de parfum immonde. Je ne sais pas du tout comment cette histoire vas se terminer, mais je sais qu’elle va bien terminée pour mon estomac. Je m’approchais du garçon, n’étant plus qu’à un petit mètre de lui. Mais un hurlement retenti dans la ville de Londres. Un loup-garou sans aucun doute, un loup-garou conscient. Déconcentrée, je tentais de décodée cet étrange appel au secours et mis du temps à constater que la pauvre bête était coincée dans les marais et qu’en plus ce n’était pas Peter, alors pas besoin de s’inquiété. Mais Pandora tu es vraiment bête et tu devrais savoir qu’une minute d’inattention peut être fatal, fatal au point de vue où la proie peut s’échapper. De toutes manières, ce pauvre garçon ne peut aller nul part ailleurs, à moins de sauter par-dessus bord, ce qui est encore plus douloureux que ce faire manger par un vampire. Je me retournai donc vers le fond de la cabine, position que j’avais juste avec cette minute d’inattention. J’avais soif …

J'attendais impatiemment la réaction de la jeune femme en regardant le paysage. Le ciel était gris, comme tout le temps à Londres, paraît-il. Les rues étaient grises aussi, les bâtiments de même, et la Tamise prenait la couleur terne du ciel. C'est vrai que c'était à en pleurer. Pourtant, contre toute attente, la jeune demoiselle se releva et me regarda sèchement. Elle sécha ses larmes d'un revers de main. Elle n'était pas humaine, au premier regard j'en étais persuadé. Ce regard, je ne l'avais vu qu'une fois, et je ne voulais jamais le revoir. Pourtant, il fallait que je réagisse, et vite, à moins de vouloir mourir.

« Tu n'auras pas mal... »

La voix claire et pourtant sèche de la jeune femme me fouetta au visage, me faisant monter des larmes de honte aux yeux que je refoulais. J'espérais que ma sœur n'avait rien senti, si elle s'était faite bouffée par des créatures comme celle qui se tenait face à moi. Mes mains se crispèrent bien malgré moi. Je n'étais pas d'une nature violente, mais je faisais du rugby, ce qui compensait. Cependant, je savais que si elle me sautait dessus, je ne m'en sortirais pas vivant.

Un hurlement canin résonna dans la cabine. Il semblait venir de loin, et il intrigua la jeune femme, qui se détourna de moi quelques secondes. J'en tirai une rapide conclusion : ce cri venait d'un lycan, sinon elle l'aurait tout simplement ignoré. Cela me laissa le temps de trouver ce qui n'était pas une solution, mais un gain de temps.

« Question : J'ai plus de chance de rester en vie en sautant de la cabine ou en t'offrant mon sang ? Quand je dis en vie, ça implique aussi de rester humain... »

J'avais déjà donné mon sang à plusieurs reprises, et j'espérais que ce ne soit pas pire. J'espérais que ma proposition l'étonne et qu'elle accepte, peu d'humains devaient être au courant de l'existence de telles créatures, et encore moins devaient avoir le courage de leur offrir du sang... en échange de leur vie sauve.

Je savais pertinemment que je n'avais aucune chance contre elle, et pourtant, cette fois-ci, je savais que je ne m'échapperais pas. Les portes étaient pourtant très simples à ouvrir, surtout quand on faisait mon poids, mais je l'avais fait une fois, pas deux. Aujourd'hui, je ne fuirais pas, même si cela devait me coûter la vie. J'avais un canif dans la poche de mon jean. Il ne me servirait à rien contre elle, mais j'avais ma petite idée...